Fagnes de Wallonie

En l’an 1899, la ville de Stavelot et sa région recevaient la visite d’une aristocrate polonaise accompagnée de son fils, le jeune Wilhelm Albert Włodzimierz Apolinary Kostrowicki, plus connu sous le nom de… Guillaume Apollinaire. La région, et plus particulièrement les Hautes Fagnes, feront forte impression sur le poète alors âgé d’à peine 19 ans. 

Son œuvre en portera le sceau des années durant, comme en témoigne ce texte écrit à la fin de sa courte vie, en 1917.

Photo et idée originale de Guy Bronlet
relecture par Lisa Brée

FAGNES DE WALLONIE

Tant de tristesses plénières
Prirent mon cœur aux fagnes désolées
Quand, las, j’ai reposé dans les sapinières
Le poids des kilomètres pendant que râlait
Le vent d’Ouest.
J’avais quitté le joli bois ;
Les écureuils y sont restés.
Ma pipe essayait de faire des nuages
Au ciel
Qui restait pur obstinément.
Je n’ai confié aucun secret, sinon une chanson énigmatique,
Aux tourbières humides.
Les bruyères fleurant le miel
Attiraient les abeilles ;
Et mes pieds endoloris
Foulaient les myrtilles et les airelles
Tendrement mariées.
Nord,
Nord!
La vie s’y tord
En arbres forts
Et tors.
La vie y mord
La mort
A belles dents
Quand bruit le vent.

Guillaume APOLLINAIRE

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