Témoin d’une époque : le Casse-croûte de Goé

Et si l’on vous disait qu’il est possible de mêler chasse, histoire et géologie, en un seul et même lieu ? Dans la région, il existe de nombreux endroits tantôt méconnus, tantôt mystérieux, et toujours fascinants. 

Cette fois, nous allons dans la région de Goé, pour découvrir un lieu propice à toutes les théories et histoires locales. Mais qu’en est-il ?

Sur la route de Dolhain à Eupen, un peu avant le carrefour avec la rue de Béthane vers Goé, quelques arbres vieillis ne protègent plus ce qu’il reste d’un abri. Celui-ci  servait de reposoir aux chasseurs qui venaient dans l’Hertogenwald (la forêt du Duc, désormais forêt publique domaniale), d’où le nom qui lui est donné par les habitants : le Casse-Croûte. 

Les ruines du Casse-croûte, vestiges d’une lointaine époque

Des chasseurs, de tout temps

À l’époque de Charles Quint, de nombreux loups vivaient dans la forêt domaniale (sujet qui fera l’objet d’un prochain article). Bien plus tard, en 1847, Léopold 1 er y fit organiser une semaine de chasse. Vers 1875-1880, plusieurs années de suite, le comte de Flandre, père du roi Albert 1er , vint y chasser. Chassaient-ils le loup ? On sait que la ferme de la Louveterie se loge au creux du bois de Hévremont à quelques 3 km de là. Le propriétaire avait la fonction de louvetier, c’est-à-dire chargé de chasser, ou plutôt d’exterminer, cet animal à l’époque considéré comme indésirable. Ce qui fut fait.

plan du Casse-croûte vue de haut | dessins Francis Polrot

Qui a construit cet abri ? Il est certainement l’œuvre d’un des châtelains de Goé du XVIII ou XIXe siècle car le terrain et le château appartiennent toujours aux mêmes propriétaires. On parle de 1757 mais sans certitude, hormis que c’est l’époque de l’embellissement du château et de la construction de “la glacière”. L’édifice est bâti en gros appareil de blocs naturels de poudingue local, ce béton naturel dont on a taillé des meules pour les moulins régionaux. Les parties supérieures sont, elles, en pierres calcaires et grès.

Détails des pierres de construction du Casse-croûte

Quel avenir ?

Ce petit abri pour chasseurs risque bien d’avoir disparu dans quelques années tant il est mal au point. Depuis longtemps orphelin de ses fenêtres, il servait il y a quelques années encore de refuge temporaire aux chauves-souris qui virevoltent autour les soirs d’été. Vers 2020 ou 2021, la toiture d’ardoises a été enlevée par une bourrasque. Celle-ci gît devant l’abri, dans les broussailles; et la structure de l’édifice quant à elle, bien que solidement construite, commence à se déliter. Les épicéas visibles encore en 2016 ont disparu, restent quelques feuillus dont un beau chêne et des broussailles. 

Y avait-il un toit ? De quoi était-il fait ? Comment l’abri était-il aménagé ? Le mystère reste entier

Sources :

  • Pour le Casse-Croûte : PROPS R., 2006. Le Casse-Croûte, Les Carnets du Passé n°1, pages 18-20.
  • Pour Goé et environs : BUCHET A., 1941, 1948 et 1951, Monographie historique de Goé-lez-Limbourg, tomes 1, 2 et 3, G. Leens imprimeur-éditeur, Verviers, 515 pages.

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