Le sizerin cabaret, notre petit montagnard

Article co-écrit par Jean-Marie Poncelet et Gary Masson

Pour ce premier épisode, nous vous présentons un véritable petit joyau de la faune aviaire de nos régions.  
Plutôt rare (une centaine de couples répertoriés en 2007), le Sizerin cabaret (Carduelis flammea ou Acanthis cabaret), anciennement appelé Sizerin flammé roussâtre, est un petit oiseau de la famille des fringillidés (tout comme les pinsons), que l’on trouve dans diverses régions d’Europe. Les populations locales sont, pour l’essentiel, issues des Alpes. 
L’origine de son nom est plutôt floue, mais l’attribut “cabaret” est possiblement lié au “cabaret des oiseaux”, autrement appelée la cardère ; cependant, il n’est pas forcément friand de celle-ci. Mystère, donc…

Comment le reconnaître ?

Plutôt discret par sa taille (12 cm) et son plumage strié, ce petit passereau arbore toutefois une petite calotte d’un rouge assez profond (carmin ou cramoisi, pour les initiés), et le mâle se pare, en période nuptiale, d’une jolie poitrine rose (l’histoire ne dit pas quel effet cela fait à la femelle !). Ces petites coquetteries lui ont d’ailleurs valu d’être prisé par les tendeurs locaux (c’est malheureusement encore parfois le cas). Il a même frôlé l’extinction, ce qui fait de lui un véritable petit rescapé !

On pourrait aisément le confondre avec son cousin le Sizerin flammé ; et c’est d’ailleurs vraiment une question d’infimes détails morphologiques, mais ce dernier est encore plus rare. Citons aussi la linotte mélodieuse, présente elle aussi chez nous, qui lui ressemble mais occupe d’autres habitats, allant du nord au sud et des zones de basse altitude aux zones montagneuses. Sa répartition sur le continent et dans notre région varie selon les saisons et les conditions environnementales.

En effet, au nord, cet oiseau est présent en Grande-Bretagne, dans le sud de la Scandinavie, dans le territoire du Benelux, ainsi que dans le nord de la France, le nord et le centre de l’Allemagne et en Pologne. Sa présence en altitude est marquée dans le Haut Jura et les Alpes, où il préfère les versants au-dessus de 1 400 mètres d’altitude, et il atteint également les Carpates jusqu’au nord de la Roumanie.

Un autre moyen de le reconnaître enfin, c’est par son chant, qui est toutefois un peu brouillon, et ses cris très brefs. Pas toujours évident, donc !

Où peut-on le rencontrer ?

Il peut être sédentaire ou adopter un comportement migratoire partiel.
Chez nous, on rencontre essentiellement des oiseaux migrateurs en hiver (qui viennent du nord et cherchent ici un milieu plus clément). Cependant, il existe en Wallonie les quelques individus sédentaires qui nichent en petites populations dans les hauts plateaux ardennais, ce qui témoigne de leur préférence pour des habitats forestiers et montagneux, très souvent au-dessus de 450 m d’altitude. Ses effectifs sont d’ailleurs assez concentrés dans les Hautes-Fagnes. Il aura une préférence pour les jeunes pessières, fagnes et boulaies.

Citons entre autres lieux de passage ou de nidification : le long de la Vesdre, (du pont des Récollets et remontez vers l’amont), à proximité de Maison-Bois, ou encore du côté des Hautes-Fagnes (aux alentours de Belle Croix).

Comment le voir ?

Il effectue de brefs petits vols chantés. Pendant l’hiver, cet oiseau est souvent vu en groupes, et son petit bec robuste lui permet de se nourrir principalement de graines d’aulnes et de bouleaux, l’ aidant à survivre lors des périodes froides. Pour avoir une chance de l’apercevoir, cherchez donc dans ces arbres et le long des petits ruisseaux dans les aulnes, où il traînera probablement en compagnie des tarins… des aulnes.  Cherchez des petits oiseaux, fort vifs, qui passent de branches en branches. 
Attention, toutefois : le respect est de mise ! Soyez donc discret.

Sources

• Jean-Marie Poncelet
• Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie, collectif
• www.oiseaux.net
• Les passereaux de Belgique, Verheyen
• L’étymologie des noms d’oiseaux, Cabart et Chauvet
• Le comportement des oiseaux d’Europe