Les CREAVES : prendre soin du Vivant

Dans notre région se trouvent toutes sortes de milieux naturels : forêts, campagnes, lacs, rivières, parcs, jardins… De nombreuses espèces animales y vivent, et ce sans notre aide, de façon totalement autonome et même pourrait-on dire dans une certaine harmonie. Mais tout n’est pas rose, et tout le monde n’a pas la même chance : accident, prédation, abandon, empoisonnement… il arrive parfois qu’un animal se retrouve blessé, seul, affaibli. Heureusement, il existe parmi nous, êtres humains, des bienfaiteurs de la faune sauvage, qui oeuvrent au sein de centres de soins, les CREAVES, que je vous propose de découvrir.

Dans la nature, un coup du sort est vite arrivé, à tout âge et chez toutes les espèces. C’est d’autant plus le cas en cette période des nichées, alors que de nombreux juvéniles se retrouvent parfois loin de leur nid, leur terrier, ou simplement de leurs parents. En effet, bien que la plupart du temps, ces derniers soient en mesure de s’occuper de leurs portées, ce n’est pas toujours le cas. D’ailleurs, chez certains oiseaux par exemple, les jeunes sont très rapidement livrés à eux-mêmes, expulsés en dehors du nid (on parle alors d’espèces « nidifuges »). Les jeunes mammifères (faons, marcassins, renardeaux, etc.), quant à eux, s’ils ne sont pas accompagnés par leur mère, se retrouveront parfois seuls dans un pré, un champ, à la merci des prédateurs ou de machines agricoles.

Chevrette présentant une plaie au niveau de la gorge, probablement due à un accident de la route | photo L’Hermitage

Ainsi éloignés du cocon qui les a vu naître, ils sont alors dans une posture plutôt délicate. Il vous est d’ailleurs peut-être déjà arrivé de tomber nez à nez avec un animal qui semblait en difficulté, et vous n’avez alors pas su comment réagir au mieux (méthode en fin d’article).

Des centres dédiés à la faune sauvage

Heureusement, pour parer à ces situations, il existe chez nous des centres de soin, appelés CREAVES (pour Centre de Revalidation des Espèces Vivant à l’Etat Sauvage). Leur objectif, comme leur nom l’indique, est de revalider les animaux en mauvaise posture. Auprès des mains expertes des employés mais aussi de nombreux bénévoles, ils trouveront un réconfort certain, et surtout des soins (médications, opérations, désinfection, etc.), de la nourriture adéquate, et un véritable accompagnement afin de se remettre sur pied.

Pour s’occuper de toute cette faune en péril, il y a vraiment beaucoup à faire, et les plannings sont plutôt chargés : nourrissage (parfois toutes les heures !), pesées, soins, nettoyage des cages, loges et volières, aller-retours chez le vétérinaire, accueil des nouveaux arrivants, tâches administratives… Et pour gérer tout ça, il faut une sacrée main d’oeuvre.

Du personnel compétent

D’une part, il y a évidemment au sein de chaque CREAVES un ou une responsable, à temps plein ou partiel. Mais que seraient les centres de soin sans les bénévoles ? C’est par dizaines qu’ils viennent apporter leur aide, leur savoir-faire, leur temps et leur énergie au service du bien-être de la faune sauvage. Au Martinet par exemple, on en compte pas moins d’une vingtaine, ainsi que deux vétérinaires bénévoles. Ces équipes se relaient toute la semaine pour ainsi proposer une permanence 7 jours sur 7 ! C’est grâce à eux que de nombreux animaux vont pouvoir être sauvés, et relâchés une fois remis sur pied.
Mais c’est bien souvent là que le bas blesse ; en effet, les CREAVES sont souvent en sous-effectif, plus particulièrement pendant les beaux jours, à l’époque de l’élevage de tous les juvéniles. Les nouvelles paires de bras sont donc les bienvenues !

Une partie des bénévoles de l’Hermitage (Thimister) | photo L’Hermitage

Une structure adaptée

Pour travailler dans de bonnes conditions et prodiguer les soins et accompagnements adéquats, les centres sont aménagés et équipés de façon spécifique. Ainsi, on y retrouvera bien souvent des loges, des cages, des volières, une clinique, et tout un matériel dédié à l’accueil et aux soins vétérinaires (portes vitrées, lampes chauffantes, etc.). Pour des questions d’hygiène, on dédiera même parfois un espace à l’accueil « visiteur » séparé des loges des pensionnaires, comme c’est le cas à Waimes par exemple.Afin d’accueillir les animaux, il existe un système de logettes individuelles, dans lesquelles on peut déposer l’individu en question. Celui-ci sera alors pris en charge dans les plus brefs délais.

Le système de logettes du Martinet, permettant de déposer les animaux avant qu’ils soient pris en charge

Les centres de chez nous

Dans la région, il existe trois centres.
Le plus ancien est celui de Theux, appelée Le Martinet, situé à l’entrée du parc Forestia (mais indépendant de celui-ci). A sa création en 1985, il était coordonné par Corine Dubois et Philippe Gazon, qui laisseront leur place à Baptiste Delcour en 2006 puis à Mélanie Krings et enfin à Léa Cristaans. On y trouve 3 grandes volières et 8 petites volières pour accueillir toutes sortes d’oiseaux (dont les rapaces diurnes et nocturnes), de nombreuses loges et logettes et deux cliniques.

Dans un but de sensibilisation, les soigneurs (ici Baptiste Delcour, anciennement au Martinet) permettent à des enfants de procéder eux-mêmes à la remise en liberté. Peut-être cela pourra-t-il susciter des vocations, qui sait…

L’Hermitage (Thimister) a ouvert en 2021 et est géré par Laurence Fevry, aide-soignante de profession. A croire qu’elle a ça dans le sang !
Le petit dernier, La Tanière des Fagnes, est situé à Waimes. Il a ouvert en avril 2024 grâce à l’initiative de Valérie Seroyen et son époux, et s’agrandit au fur et à mesure, se dotant tout dernièrement (juin 2025) d’une clinique.

Le nerf de la guerre

D’un point de vue administratif, ces structures sont constituées en ASBL.
Evidemment, toutes ces infrastructures, ce matériel, la nourriture etc. ont un certain coût. A la Tanière des Fagnes, la responsable évoque une enveloppe de 18 000 € nécessaires pour réaliser une nouvelle volière
et on parle de 40 000 € de fonctionnement annuel au Martinet.

en juin dernier, Le Martinet lançait un appel aux dons de matériel

Mais il n’est pas toujours facile de trouver des financements, c’est pourquoi les centres font appel à la générosité du public, tant pour le don de matériel (dont la liste se trouve sur leur site web), que pour la nourriture (croquettes, essentiellement).
Si vous voulez donner un coup de pouce financièrement à l’un ou l’autre centre, vous pouvez devenir membre (avec une cotisation annuelle) et même faire un don. Les coordonnées bancaires se trouvent fin d’article.

Soigner, sans s’attacher

Pour les bénévoles des centres, l’une des grosses difficultés est de veiller à ne pas rendre les animaux dépendants à l’être humain, mais d’encourager leur autonomie lors de leur retour à la vie sauvage. C’est pourquoi il est très important d’éviter « l’imprégnation », phénomène d’habituation de l’animal et parfois même d’attachement envers ses bienfaiteurs. Les soigneurs se voient alors donc dans l’obligation d’encourager, de susciter une certaine distance ou méfiance envers notre espèce. Il en va en effet de sa survie, puisque les conditions naturelles bien souvent moins accueillantes et confortables. L’animal devra apprendre à se nourrir, chasser, se protéger des prédateurs (et de certains êtres humains). Ainsi, La Tanière des Fagnes, par exemple, préconise d’éviter tout geste affectif ou de familiarité avec les bénéficiaires.

Pas toujours évident de ne pas s’attacher… Ici, un jeune levreau qu’il a fallut biberonner | photo Le Martinet

Une fois que toutes ces précautions sont prises et que l’animal est enfin valide, on pourra procéder à la remise en liberté, dans la nature, et lui laisser y vivre sa vie. Et les bénéficiaires ne sont pas ingrats, puisqu’il arrive de temps en temps que l’un ou l’autre oiseau repasse saluer les soigneurs, par un vol au-dessus du centre.

Un autre défi, et condition nécessaire, est d’avoir le coeur bien accroché. En effet, il peut arriver qu’un animal ne puisse être sauvé, auquel cas il faudra se résoudre à le laisser partir, voir à l’euthanasier.
Aussi, le nourrissage des rapaces peut être assez déconcertant pour les jeunes recrues, puisqu’il s’agit de préparer (décongeler, découper) de jeunes poussins morts. Un mal pour un bien, puisqu’il s’agit de nourrir oiseaux de proie en devenir.

Jeune faucon pèlerin, avec à ses pieds un poussin mort, qu’il va s’empresser de dépiauter | photo Le Martinet

Comment recueillir un animal ?

Avant toute chose, prudence ! En effet, il n’est pas question d’amener ni même d’approcher tout animal qui semblerait en mauvaise posture. Bien que certains jeunes puissent sembler vulnérables, leur esseulement est bien souvent temporaire, et les parents ne sont pas loin.
Ainsi, un oisillon hors de son nid sera peut-être en plein apprentissage, accompagné et même nourri par les parents. Si vous avez un doute, qu’il semble à la merci de prédateurs proches (renards, chats, chiens), prenez le délicatement et remettez-le délicatement dans son nid. Votre odeur ne posera pas problème.
Par contre, dans le cas des mammifères, c’est une autre histoire. Il faut absolument éviter de toucher l’animal et d’y déposer votre odeur. Cela le condamnerait à être abandonné par sa mère ! Un jeune faon, tapis dans un fourré ou des herbes hautes, ne risque rien : alors que sa mère a fuit un peu plus loin, il a adopté la stratégie de l’immobilité pour rester discret. Eloignez vous donc et laissez la nature suivre son cours.

Bien que des faons puissent sembler abandonnés, la mère n’est souvent pas bien loin | photo Pixabay


Toutefois, il arrive que l’animal soit blessé ou très affaibli. Si c’est le cas, mettez l’animal dans un endroit sécure (une boite, une couverture), si possible à l’abri de la lumière, et amenez le sans attendre au CREAVES le plus proche, dans une logette ou en main propre, sans oublier de les prévenir de votre venue.

D’autres conseils se trouvent sur les sites web des centres.

Après en avoir pris soin, il est temps de relâcher l’animal sauvé. Ici, une chouette hulotte | photo Le Martinet

Où trouver les CREAVES ?

Pour obtenir déposer un animal, obtenir plus d’informations ou effectuer un don, voici les coordonnées de chacun des centres :

  • Le Martinet | rue du Parc 1-3 à 4910 Theux | 0496/76 83 55
    site web | page Facebook | BE32 0000 6286 5902
  • La Tanière des Fagnes | rue des Censes, 16 à Sourbrodt | 0489/52 27 77
    site web | page Facebook | BE14 0019 7310 4783
  • L’Hermitage | rue Bellevue, 9 à Thimister | 0494 35 80 83
    site web | page Facebook | BE77 0019 1335 8342

ARTICLE : nouvelle clinique pour la Tanière des Fagnes

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