Chez nous, l’hiver : oiseaux et mammifères

Nous voici arrivés à l’hiver, et à cette saison la faune de nos régions connaît une période difficile. Les températures basses et la couche de neige qui se maintiennent donnent bien du fil à retordre à tous ces animaux vivant à l’état sauvage. Le plus grand défi étant pour eux d’accéder à leur maigre nourriture. 

Dans nos fagnes plus précisément, où la couche de neige peut être plus importante et la durée d’enneigement plus étalée dans le temps, imaginons nos grands mammifères tels que cerfs, biches, sangliers et chevreuils. Enfoncés dans cette épaisse couche de neige, leurs déplacements se voient déjà handicapés ; et que dire alors de la recherche de quelques brins d’herbe !

Chardonneret élégant qui, face au frimas, doit s’activer à rechercher de la nourriture | photo Fernand Petitjean

Ne pouvant accéder à la strate herbacée, ils se voient dans l’obligation de se rabattre sur les pousses d’épicéas et autres bourgeons d’arbres ; ou encore carrément sur l’écorce des arbres, provoquant pas mal de dégâts à ceux-ci. D’ailleurs, ces dégâts aux arbres feront perdre toute valeur financière à ces bois entraînant ainsi pas mal de pertes pour des communes comme Baelen ou Jalhay, pour qui la vente de bois représente une part considérable de leurs rentrées financières.

Les sangliers, se nourrissant habituellement de vers ou de larves dans le sol, se résignent bien à quelques racines mais sur un sol gelé, ce n’est pas chose facile. Ils profiteront alors parfois de l’opportunité de quelque cadavre qu’ils pourront trouver. Certains chasseurs jouent aussi un rôle dans cette quête de nourriture, puisqu’ils pratiquent chaque année le nourrissage du gibier avec du foin, du maïs ou encore des betteraves. Une pratique certainement vouée à disparaître, car elle peut entraîner une surpopulation des sangliers. 

ce qui est pour nous un beau paysage peut s’avérer un véritable lieu d’adversité pour les autres animaux | photo Christian Desart

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le coq de bruyère (ou tétras lyre) n’a pas de difficultés majeures à passer l’hiver lorsque la couche de neige est conséquente. Il se perche sur les branches de bouleau pour se nourrir des chatons et passe la nuit dans un trou qu’il fait dans la neige. Pour ce faire, il se laisse tomber d’une branche, s’enfouit dans la neige, y creuse un trou, puis tourne sur lui-même afin de faire une sorte d’igloo dans lequel la température sera à peine de quelques degrés sous zéro. Il sera ainsi protégé du vent et des basses températures. De plus, il possède un plumage tout à fait isolant fait de ce que l’on appelle « l’hyporachis » dont les plumes à doubles rameaux permettent de renforcer l’isolation thermique.

le renard roux, avec son pelage dense, peut affronter des températures allant jusqu’à -13°C ! | photo © Fernand Petitjean

Le renard roux doit aussi adapter son comportement à ces conditions. Son pelage très dense est fait pour résister à l’hiver, mais les nombreuses précipitations nuisent à l’animal car lorsque le pelage est mouillé, la précieuse couche d’air emprisonnée dans ses poils disparaît, provoquant une chute rapide de sa température corporelle. Pour se nourrir, il fait bien quelques réserves (des petits rongeurs qu’il enterre sous les feuilles mortes) mais il ne les retrouve pas toujours sous une épaisse couche de neige. Il se contente alors de cadavres qu’il trouve çà et là, ou attaque des canards et poules d’eau qui ne savent plus se mettre en sécurité lorsque les étangs sont gelés. Il se rapproche volontiers de l’homme en tournant près des fermes pour y trouver l’une ou l’autre poule, et n’hésite pas à venir dans les villes fouiller dans les sacs poubelles.

L’oeil attentif aura vite fait de repérer les indices de passage d’animaux dans la neige

On pense bien entendu encore aux oiseaux, pour qui on peut pallier au manque de nourriture en pratiquant le nourrissage dans son jardin, via les assortiments de graines (tournesol, millet, noix) ou des boules de graisse. Mais que dire des rapaces tels que les buses, faucons ou encore les nocturnes tels que les chouettes et hiboux ? Ceux-ci n’ont plus l’accès à leur nourriture favorite (campagnols, musaraigne et autres petits rongeurs), ce qui entraîne pour eux un affaiblissement, conduisant dans beaucoup de cas à la mort certaine de l’animal. De plus, leur processus de digestion fait que l’acide gastrique de l’estomac est tellement puissant que, s’il n’ont pas de nourriture pendant plusieurs jours, l’estomac se “ronge de l’intérieur”, comme dans le cas d’un ulcère.

En plus des automnes pluvieux que nous pouvons connaître, si l’hiver qui arrive se montre rude, il est certain que la sélection naturelle fera son office, éliminant ainsi les animaux plus faibles et moins résistants. C’est bien entendu difficile à accepter, mais c’est la dure loi de la nature.

le bruant jaune, s’isolant du froid en gonflant son plumage | photo © Fernand Petitjean

Si on ajoute à cela le dérangement – même parfois involontaire – des promeneurs, des photographes animaliers ou encore des skieurs, qui fait fuir le gibier, celui-ci va devoir s’enfuir en fournissant des efforts considérables, alors qu’il vit au ralenti pour ne pas trop puiser dans ses réserves. Ces pertes inutiles de précieuses calories vont peut être attenter à sa survie. Si le printemps tarde à arriver, il manquera peut-être aux animaux les réserves nécessaires pour tenir jusqu’au beaux jours.

Afin de préserver la quiétude des animaux sauvages, évitons donc de circuler n’importe où (en respectant les règles du code forestier), et nous serons récompensés au printemps de voir au détour d’un chemin l’un ou l’autre animal sauvage se délectant de l’herbe tendre que lui offre la nouvelle saison.

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